"Au milieu de l'océan je n'ai jamais été aussi bien"

07.05.2025

Après être parti à la rame du Pérou il y a plus d’une centaine de jours sur l’océan Pacifique, Louis Margot est arrivé le 8 mars dernier aux Îles Marquises (France). Depuis, entretien du bateau, constitution de provisions et surtout rencontre des habitants de l’île font le quotidien du rameur morgien.

Louis Margot tout d’abord comment allez-vous ?

Je vais bien. Ça fait déjà un mois que je suis arrivé et une partie de moi est encore en mer. Quatre mois tout seul, ça secoue. Je suis à présent à la moitié de mon aventure, et mon état d’esprit est différent : Longtemps j’avais l’impression de commencer. Maintenant je suis à la moitié et mon prochain départ sera le dernier pour une grande traversée. Cependant, se dire qu’il reste six mois de rame c’est dur car le Pacifique c’est immense.

Avant d’embarquer sur votre bateau au Pérou, vous nous confiez avoir besoin « d’être seul avec vous-même », comment l’expliquez-vous ? n’est-ce pas étrange ?

Vous m’auriez dit ça avant que je parte, j’aurais aussi trouvé ça étrange. Maintenant ça ne l’est plus du tout. Nous menons des vies bien loin de notre vraie nature. Il y a de l’influence partout, des réseaux sociaux, du stress permanent, etc… On ne prend jamais du temps pour soi-même et on court partout. Être seul sur l’eau permet de vivre l’instant présent et ça fait du bien. Ça paraît étrange, mais au milieu de l’océan je n’ai jamais été aussi bien.

Vous n’avez jamais été aussi bien, pourtant une vingtaine de jours avant d’arriver vous faisiez part de votre ras-le-bol.

On a envie d’arriver à la fin quand on arrive à la fin. Ce ras-le-bol n’intervient pas au bout d’une durée donnée, mais lorsque l’on se sent proche de la fin. Au milieu, on est dans l’instant présent et on ne voit pas le bout du tunnel : 30, 40 ou 50 jours n’ont pas de différence.

Je n’ai jamais été aussi bien, mais également aussi mal. Seul, à des milliers de kilomètres du premier bout de terre, j’ai le temps d’avoir les idées noires. Mais à travers ces moments de difficulté, j’ai atteint des moments de grand bonheur. Ce n’est pas du bonheur euphorique mais un bien-être général.

Votre quotidien a-t-il changé sur cet océan par rapport à l’Atlantique ?

Je n’ai pas changé grand-chose, j’ai appliqué ce qui m’a pris du temps à apprendre sur l’Atlantique. Gérer mes moments de vide, m’occuper du bateau, de moi-même, est devenu un automatisme. Aussi, le soleil étant beaucoup plus fort, je commençais à ramer plus tôt pour pouvoir me protéger le plus de la lumière en milieu de journée et reprenais plus tard.

Vous avez également décidé de vous déconnecter complètement des réseaux sociaux. Pourquoi ?

Je me suis rendu compte que j’étais trop connecté au monde réel : je pensais trop à ce qui se passait sur terre, aux moments que je ne pouvais pas vivre avec mes proches, etc… Passer 4 mois sans réseaux sociaux, sans les informations m’a vraiment permis d’être là où j’étais et en harmonie avec ce que je vivais. Ça m’a beaucoup plus et la prochaine traversée je recommencerai.

En cas de gros pépin, comment seriez-vous secouru ?

Si je devais être secouru, ce serait la fin pure et simple de mon aventure. Je déclencherais ma balise d’urgence qui alerterait un système international ou le pays responsable de la zone. Dans mon cas et jusqu’à ce que je sorte de cette dernière, la France est responsable d’envoyer un hélicoptère – si je suis assez proche des côtes – ou d’ordonner aux bateaux les plus proches de ma position de se dérouter pour me porter secours. Dans tous les cas, mon bateau n’est pas secouru et est laissé à l’abandon.

Comment appréhendez-vous le retour à vélo ?

Je ne dirais pas que j’appréhende. Je me réjouis plutôt. Pour moi, rentrer à vélo c’est le dessert. C’est la redescente tranquille en Europe. Bien sûr il y a des pays chauds sécuritairement parlant (rires), donc j’espère pouvoir y passer avec des visas et puis j’écouterai les locaux et me renseignerai… Mais dans mon aventure, je suis de plus en plus tranquille. Laissons venir les problèmes.

 

 

Quelle suite de l’aventure ?

Célébré tel un héros aux Îles Marquises lors de son arrivée, le Morgien prévoit de larguer les amarres fin mai. Et s’il est encore en discussion avec son routeur concernant la route à suivre, l’Indonésie pourrait être le pays d’arrivée. Quelle que soit la destination, le rameur souhaite la rallier sans arrêt depuis le territoire français. Un trajet qui devrait durer six mois. « Je voulais faire escale sur plein d’îles, mais c’est dur de s’arrêter. Il faut viser l’île, se préparer mentalement, je ne dors pas les 3 derniers jours, en arrivant sur terre tout bouge et je mets deux semaines pour m’en remettre… Une fois mon corps rodé pour l’océan, autant en profiter pour continuer. »

Article : Jérôme Laurent en collaboration avec le Journal de Morges

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