Le 1er mai, Louis est arrivé en Colombie après plus d’une vingtaine de jours à ramer sur la Mer des Caraïbes. Il était parti de la commune du Marin, en Martinique, le 11 avril après plusieurs semaines de repos passées sur l’île française. Avec ce périple, le Morgien est le premier à rallier, à la rame, la Colombie depuis la Martinique.
« Ça n’a rien à voir avec l’Atlantique »
Pour Louis, traverser la mer des Caraïbes n’avait strictement rien à voir avec sa traversée de l’Atlantique. « C’est une mer où la force du courant est de très grande ampleur », explique le Vaudois, « Il faut donc jouer avec en plus du vent et des vagues ». La trajectoire est donc plus importante : « sur l’océan Atlantique, il n’y a rien autour de soi mais il faut viser une île. Sur la mer des Caraïbes, je devais rallier la Colombie en empruntant les bons courants pour m’y mener, je ne pouvais pas ramer en ligne droite ». Ceci a forcé Louis à passer relativement proche des côtes, une situation qu’il décrit comme très stressante en raison des puissants courants et les vents qui soufflent très forts à certains endroits : « Je suis passé à un endroit qui est surnommé le Cap Horn des Caraïbes », raconte le rameur, « la météo annonçait dix nœuds de vent [ndlr : 19km/h], mais en réalité il y en avait plutôt 30 [ndlr : 58 km/h]».
Bien que les courants permettent une vitesse élevée, ils peuvent aussi être pénalisants : « s’ils sont très forts et qu’ils vont dans la mauvaise direction, on ne peut pas lutter ». Lors de la traversée, les courants avaient tendance à pousser Louis vers le nord-ouest, une situation contre laquelle il avait du mal à résister : « Si on fait la traversée à deux, c’est plus facile car il y a toujours quelqu’un qui rame, mais en solitaire, c’est impossible de ramer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. ». Ceci explique la direction vers le sud prise par le Vaudois en début de périple et qui permettait de compenser le courant à venir.
La radio et le radar des outils indispensables
Bien que la mer des caraïbes soit empruntée par de nombreux navires cargo qui passaient pour certains à proximité de Louis, il ne les considère pas comme de réels dangers pour autant : « ça fait peur parce que c’est immense, mais ils ont en permanence quelqu’un à la radio qui répond à n’importe quelle heure », rapporte l’aventurier. Le radar complété d’un appel radio sont en effet très importants car « à l’œil nu il est impossible de savoir dans quelle direction se dirige le bateau. Quand le navire est à dix kilomètres, on n’aperçoit qu’une pointe. C’est seulement au dernier moment qu’on peut le savoir… et il est trop tard. ».
S’agissant des pêcheurs et voiliers, c’est une autre paire de manches : « ils n’ont pas forcément la radio ou coupent le radar et ça devient beaucoup plus dangereux. ».
Changement de mentalité
Même si le Vaudois décrit cette traversée comme « une usure psychologique », c’est tout naturellement qu’il est très heureux de pouvoir enfin mettre son bateau dans un conteneur et de l’expédier au Pérou : « ça fait depuis le 6 octobre que je bataille avec ce bateau et je suis content de passer à autre chose pour quelques temps. Quand on lui demande s’il considère son bateau comme une salle de torture, le Vaudois relativise : « au début de l’Océan Atlantique, oui c’était le cas. Mais lorsque je ramais sur la mer des Caraïbes, j’en arrivais de temps à autre à me réjouir de l’océan Pacifique : « quand j’y serai je n’aurai pas à gérer les côtes, les cargos, les courants », se réjouit-il, « je serai enfin en paix avec moi-même ! ». Le Morgien franchit ainsi un cap psychologique important : « c’était la première fois qu’étant sur l’eau je me réjouissais d’être de nouveau sur l’eau ». Une autre source de motivation quant à la poursuite de son voyage lui est également venue à l’esprit : « je vais pédaler jusqu’au Pérou puis le Pacifique, mais je vais en direction de la maison entre guillemets. Ce qui était dur sur l’Atlantique c’était de me dire que j’avais tout ça à faire après. Maintenant : je me rapproche de la maison et je ne m’en éloigne pas. ».
La suite du parcours
Dans une dizaine de jours, Louis s’en ira de Santa Marta à vélo et fera route vers la capitale du Pérou, Lima, ville de départ de la Grande traversée : L’océan Pacifique.
Article : Jérôme Laurent
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