Arrivée au Iles Canaries

Après 2 semaines passées sur les Iles Canaries, Louis revient sur cette première traversée sur son bateau à rames :

Cela fait maintenant plus de deux semaines que je suis de retour sur la terre ferme, à Las Palmas, Gran Canaria. Ces 20 jours sur l’océan m’ont fait vivre des moments difficiles, mais m’ont également permis de beaucoup apprendre.

Les 2 premiers jours sont durs et j’ai de nouveau un peu le mal de mer. De plus, je me mets aussi beaucoup de pression, car c’est déjà mon deuxième départ et j’ai vraiment envie d’y arriver cette fois.

Les 3 premiers jours, j’ai des vagues cassantes et aussi de la mer croisée, ce qui n’est vraiment pas idéal pour ramer. Je me dis, mais “est-ce que c’est vraiment tout le temps comme ça? “. Finalement ça se calme un peu et je peux enfin prendre un bon rythme. Je me rends compte que je suis peut-être parti un peu fort, car après 6 jours, je suis déjà bien fatigué. Je profite de prendre une journée avec seulement 3 heures d’effort pour récupérer.

Après la 10eme journée, j’ai un coup au moral et fais face à la solitude et aux éléments. Le temps passe tellement lentement, j’ai l’impression de faire du sur place. Le dimanche 26.11 est ma journée la plus calme et je profite pour prendre mon courage à 2 mains pour aller dans l’eau et nettoyer la coque. Être seul sur un bateau à rames et aller dans l’eau est terrifiant. Je regarde en bas et je vois le bleu infini qui donne presque le vertige. Après ce shoot d’adrénaline, je profite pour tenter de faire fonctionner mon antenne Starlink et donner enfin des nouvelles. Et ça fonctionne ! Quel plaisir de pouvoir faire un live avec ma communauté.

Les jours avancent et je vois enfin les Canaries. C’est un booster mental d’approcher de la terre ferme.

2 jours avant mon objectif de Las Palmas, je me rends compte qu’il y a des chances que j’arrive de nuit. Un gros stress pour moi, car c’est une grande marina avec des cargos et des tankers. Je fais mon maximum pour garder le cap et ne pas aller trop vite pour arriver de jour. Je ne dors quasiment pas pendant 48 h.

Je me rapproche de l’entrée du port qui est énorme. Je prie pour ne pas croiser de cargo et l’AIS m’indique que l’entrée est libre. Je longe le bord d’entrée et coupe proche de la Bouée tribord pour éviter les rochers de l’autre côté. Au moment où je rentre, un énorme cargo MSC démarre et vient sur moi. J’ai un énorme coup de panique, car je ne peux quasiment pas contrôler le bateau avec le vent et les vagues. Par chance, j’arrive juste à passer à côté. Je dois maintenant ramer 1 mille nautique jusqu’à la marina avec plein vent contre et des bateaux à voile, des windsurfers dans tous les sens. Je vis un stress énorme et ne veux pas casser mon bateau. Je lutte pendant quasiment 1h pour arriver à la marina. J’appelle le canal 11 à la radio pour annoncer mon arrivée et là ils me répondent : “mettez-vous à l’ancre, et prenez votre dinghy, car il y a une liste d’attente de plusieurs jours”. A bout de force, je me dis tant pis je rentre quand même. Je l’attache à la réception et je m’écroule sur le ponton. Tout le monde vient vers moi et les employés de la marina comprennent que j’ai un bateau à rames. Ils sont hyper cool avec moi, m’offrent de l’eau et une bière. Ils sont si sympathiques, qu’ils me trouvent une place tout de suite en face de la réception. En même temps, je croise un couple de Suisses que j’avais rencontré au Portugal et qui me propose de dormir sur le voilier et un bon repas. Quel bonheur! Une arrivée avec beaucoup d’émotions. J’ai plusieurs fois hésité à demander que l’on me tire, mais finalement j’y suis arrivé par mes propres moyens.

Maintenant, j’ai pu bien me reposer et profiter du temps à terre pour recharger les batteries et réparer mon bateau. J’ai vécu beaucoup d’émotions et beaucoup de positif dans cette première partie et c’est avec plus d’expérience que je me prépare à repartir bientôt en direction, cette fois, des Caraïbes !